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La diversité culturelle dans l’œil du Monde - Par Mélissa Serrano, équipière FSF

La diversité culturelle dans l’œil du Monde

Par Mélissa Serrano, équipière FSF

Le vendredi 26 octobre 2018, les quotidiens français et québécois Le Monde et le Devoir organisaient de concert la première édition du Monde Festival Montréal, alors que la version parisienne de cet événement en est désormais à sa cinquième édition.  Durant cette journée riche en rencontres et débats, des invités issus des deux côtés de l’Atlantique ont échangé sur des sujets et enjeux contemporains divers tel que le féminisme, l’intelligence artificielle, les réformes sociales, l’éducation, l’immigration, l’histoire, et bien d’autres. Ces regards croisés franco-québécois (et de manière plus large francophones) ont permis de questionner et d’approfondir de multiples idées et concepts à l’aune des différences et similitudes relatives aux parcours de chacun des intervenants. Au-delà des frontières, avec intelligence et ouverture, ces dialogues nourris de visions semblables et divergentes ont offert un espace de réflexion sur le monde d’aujourd’hui afin de mieux penser et envisager celui de demain.

 

 

 

Par le sujet abordé et les idées qui en découlent, une rencontre en particulier est venue résonner bien fort aux oreilles de Francophonie Sans frontières. Autour du thème « Faut-il continuer à promouvoir une exception culturelle francophone » se sont réunies  la directrice générale de Gaumont, Sidonie Dumas, la Sénatrice représentant les Français établis hors de France, Claudine Lepage, la présidente-directrice générale de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC, Louise Lantagne,  et finalement Christine St-Pierre, députée québécoise au niveau provinciale et ancienne ministre des Relations internationales et de la Francophonie du Québec.

 

Le concept d’exception culturelle stipule que les biens et services culturels ne peuvent être soumis au même traitement que les autres biens dans les traités commerciaux, afin de limiter son libre-échange et de préserver et protéger la culture propre d’un État, mesure cruciale à l’ère de la mondialisation. Concept français embrassé par d’autres pays, notamment le Canada, sa pertinence en regard de la francophonie nous apparaît comme indubitable, vision partagée par les quatre invitées qui ont chacune relevé l’aspect primordiale de l’exception culturelle.  Cette notion de préservation et de protection d’une culture représente une préoccupation commune et majeure de la France, du Québec et de la francophonie tout entière, qui se doivent de faire entendre leurs voix au sein d’un monde dominé par la langue anglaise afin de contrer la pensée unique et de « permettre à des cultures diverses et variées de garder leur place, de s’exprimer ».

 

Comment donc s’assurer de la bonne mise en œuvre de cette notion et de son efficacité ?  Outre les clauses présentes dans les traités internationaux (notamment et heureusement dans le nouvel ALENA, l’AEUMC, qui maintient l’exemption culturelle canadienne), il faut des politiques nationales fortes, que les gouvernements continuent d’accompagner et donc de subventionner les artistes et projets à teneur culturelle. De plus, il est important de miser sur les médias, qui jouent un rôle de premier plan dans la diffusion et la création de contenu francophone. Pensons notamment au succès de la chaîne TV5MONDE, vitrine télévisuelle de la francophonie disponible dans 354 millions de foyers. Alors que la plate-forme numérique Netflix devient inévitable, pourquoi ne pas songer à créer un pendant dans la langue de Molière, afin d’augmenter la visibilité ainsi que la promotion d’œuvres québécoises, belges, sénégalaises, françaises, etc. ? Finalement, les intervenantes ont souligné l’apport non négligeable de l’éducation et de la pédagogie.

 

Il s’agit de pistes de réflexion importantes à étudier, d’idées à développer, afin que la francophonie puisse continuer d’exister et de grandir au cœur d’un monde empreint de diversité. Francophonie sans frontières se situe au centre de ces enjeux et questionnements avec ses projets de dialogue entre les sociétés civiles, individus et institutions, dans le but de contribuer au dynamisme et renouveau des relations entre peuple francophones. D’ailleurs, lors de la conférence inaugurale de notre cycle d'échanges et de rencontres franco-québécois Le Chêne et l’Érable en novembre 2017, nous recevions Louise Beaudoin, ancienne ministre et figure importante des travaux ayant mené à la Convention internationale sur la diversité culturelle de l’UNESCO.  La femme politique québécoise avait alors affirmé que la francophonie devait se réengager dans le monde et ne pas perdre de vue son cœur, soit «des cultures diverses avec la langue française en partage ». Gardons le cap, donc !